Page:Stendhal - Racine et Shakespeare.djvu/256

Cette page a été validée par deux contributeurs.
219
DE LA LANGUE ITALIENNE

qu’on se sert non seulement des mêmes mots pour rendre les mêmes idées, mais ce qui est bien plus essentiel encore, on se sert des mêmes tournures pour exprimer les mêmes sentiments.

Parmi nous, ainsi qu’en convient le grand poète dont l’ouvrage a été l’occasion de notre conversation (page XXXIX) :

« Una nazione (l’Italia cioè) di molti governi e molti dialetti, acciochè i suoi individui s’intendano fra di loro, a mestieri d’un linguaggio a tutti commune. Questa vià di communicazione non può essere linguaggio parlato, perchè ognuno di questi popoli a il particolare dialetto. »

Que reste-t-il donc à faire à l’Italie ? Une chose bien simple et l’illustre Monti nous l’indique. Il a écouté le vœu prononcé par tous les gens de bon sens et il nous dit : « Un vocabolario nazionale è la raccolta di tutti i vocaboli ben usati dalla nazione e intesi d’uno stesso modo da tutti » (pag. XLI).

Tel n’est pas le Vocabulaire de la Crusca ; tout le monde convient aujourd’hui que l’Académie de la Crusca, au lieu de composer son dictionnaire avec le flegme et la patience nécessaires, a fait du travail qui, par sa nature, doit être le plus raisonnable possible, rien moins qu’un ouvrage de parti.

Les circonstances qui environnèrent le berceau de notre unique dictionnaire, la rapidité seule et le zèle avec lequel il fut exécuté suffisent pour démontrer que le dictionnaire a été dicté par des sentiments et des passions exactement opposés à ceux