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DE LA LANGUE ITALIENNE

Il n’en reste pas moins d’une haute absurdité de vouloir que l’homme civilisé du dix-neuvième siècle parle la langue du barbare du treizième, qui pouvait avoir le cœur plus généreux et l’âme plus grande, mais qui, tout absorbé dans les soins de la liberté et du commerce, pour la langue et pour les idées autres que celles du moment, sera toujours un barbare. C’est comme si, à Rome, le siècle corrompu, mais éclairé des Virgile et des Horace se fût obstiné à parler la langue barbare en usage aux temps des Cincinnatus, des Camille et des autres demi-dieux de Rome. Alfieri, qui manquait d’esprit, n’a jamais fait cette distinction, et il a dit :


il trecento parlava
il cinquecento balbettava.



GIORNATA SECONDA

Le vieillard continua par les idées suivantes :

Il est prouvé que vers le temps de la fondation de Rome, 752 ans avant J.-C., chaque petit pays d’Italie avait sa langue propre. Tite-Live, dans son histoire si peu détaillée, est plein de détails sur cet objet. Nous voyons des villages à vingt milles