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QU’EST-CE QUE LE ROMANTICISME ?

de ce qui arrive depuis trente ans chez les peuples voisins.

Je vais encore traduire l’Edinburgh-Review[1], et, je le répète aux antiromantiques, voilà leur véritable ennemi ; tant qu’ils ne l’auront pas terrassé, ils n’auront rien fait.

La poésie anglaise est devenue de nos jours, et depuis la Révolution française, plus enthousiaste, plus grave, plus passionnée. Il a fallu d’autres sujets que pour le siècle spirituel et frivole qui avait précédé. On est revenu à ces héros dont les grands caractères animèrent les poëmes énergiques des premiers et rudes inventeurs ; ou bien il a fallu aller chercher des hommes semblables parmi les sauvages et les barbares. Est-ce parmi les jeunes élégants de Paris que lord Byron aurait trouvé le caractère sombre de son Giaour et le caractère bien plus touchant de son Corsaire ?

Il fallait bien avoir recours aux siècles

  1. No 54, page 277. « Tout ce qu’il y a dans cette brochure est traduit de l’allemand ou de l’anglais. L’auteur avoue franchement qu’il est trop ignorant pour élever la voix en son propre nom parmi des adversaires aussi redoutables. S’il a osé faire entendre sa voix, c’est seulement comme ayant eu le temps de faire connaissance avec les livres et l’esprit général de la littérature anglaise, pendant il longhissimo tempo della sua prigione colà. Plusieurs des illustres combattants parmi lesquels il ose se mêler défendent, à son avis, une mauvaise cause ; mais il avoue, avec une modestie qui n’est que de la vérité, que tous lui sont infiniment supérieurs et par le talent, et par la science, et par l’art si séduisant d’exposer leurs idées. Il y a du plaisir à rompre une lance en aussi bonne compagnie. »

    Bonne plaisanterie ! (Note de l’inconnu.)