pièce dans un de nos ports de mer, à Livourne, par exemple, devant un auditoire composé de jeunes officiers de marine, l’espoir de l’Italie !
Quelles semences de grandes actions vous jetez dans ces cœurs en leur faisant voir le généreux Colomb, méprisant les clameurs de son équipage prêt à le massacrer ! Et c’est de tels effets que votre théorie étroite et surannée voudrait nous priver !
Mais voyez toute l’Allemagne frémir et pleurer aux tragédies de l’immortel Schiller ! Voyez l’Espagne glacée d’horreur à la vue de ce que la malheureuse Numance veut bien souffrir pour l’indépendance nationale[1]. Voyez l’Angleterre et les États-Unis d’Amérique ; voyez vingt millions d’hommes enivrés des sublimes beautés de Shakspeare !
Nous seuls, nous repousserions des plaisirs entraînants uniquement pour vouloir imiter les Français, uniquement par respect pour Alfieri, qui a imité, sans le savoir, les Français, parce que, lorsqu’il se mit à faire des tragédies, c’était le seul théâtre qu’il connût. Cosi noi pagheremo il fio dell’ignoranza del Alfieri. S’il eût fait de bonnes études ; si à seize ans il eût connu, comme nous, son Virgile et son Sophocle, à trente il eût méprisé la lettre de la loi et se fût élevé à son esprit ; à trente il eût voulu être pour son siècle ce que Sophocle fut pour le sien. Au lieu de cela, faisant ses études seulement, à trente ans, il respecta trop
- ↑ Allusion au Siége de Numance, tragédie de Cervantes.