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DE L’ÉDITEUR

France à parler un peu partout du romantisme. Le cénacle s’agite et publie des manifestes. Les classiques ripostent en prose ou en vers : l’Académie elle-même va officiellement prendre part à la querelle. Le 24 avril 1824, Auger, directeur en exercice de l’auguste compagnie, profite d’une séance solennelle pour se prononcer avec force contre les tenants de la nouvelle secte. Son discours obtient un grand retentissement. Tous les journaux gouvernementaux lui font écho et l’approuvent. L’Université, par la bouche de son grand-maître, met à son tour la jeunesse « en garde contre les invasions du mauvais goût », et condamne « les mauvaises doctrines », et Stendhal sent immédiatement ce qu’il va gagner à ce revirement d’opinion.

Le romantisme, quand il l’avait embrassé en Italie avec tant de fougue, était, autant qu’une doctrine de modernisme artistique, une sorte de nationalisme politique et de libéralisme. Aussi Stendhal avait-il été assez désorienté, à son arrivée en France, de rencontrer sous la même étiquette un mouvement conservateur et religieux fort éloigné de ce qu’il aimait.

Ç’avait donc été une chose assez paradoxale que son enrôlement dans les rangs des romantiques français : il détestait Chateaubriand, plus encore Mme  de Staël, et il