Page:Stendhal - Racine et Shakespeare.djvu/176

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
139
SECONDE PARTIE

un autre quart, ce qui resterait arriverait à cent représentations si l’on pouvait en avoir trois ; mais voilà ce que ne permettront jamais les rédacteurs des feuilles libérales, et, par conséquent, les élèves des Écoles de droit et de médecine.

« — Mais, monsieur, l’immense majorité des jeunes gens de la société a été convertie au romantisme par l’éloquence de M. Cousin ; tous applaudissent aux bonnes théories du Globe

« — Monsieur, vos jeunes gens de la société ne vont pas au parterre faire le coup de poing ; et au théâtre comme en politique nous méprisons les philosophes qui ne font pas le coup de poing. »

Cette conversation vive et franche m’a plus affligé, je l’avoue, que toute la colère de l’Académie. Le lendemain, j’ai envoyé dans les cabinets littéraires des rues Saint-Jacques et de l’Odéon ; j’ai demandé la liste des livres qu’on lit le plus ; ce n’est point Racine, Molière, Don Quichotte, etc., dont les élèves en droit et en médecine usent chaque année trois ou quatre exemplaires, mais bien le Cours de littérature de Laharpe, tant la manie jugeante est profondément enracinée dans le caractère national, tant notre vanité craintive a besoin de porter des idées toutes faites dans la conversation.