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LETTRE VI

Le Romantique au Classique.


Paris, le 30 avril 1824.


Monsieur,



Dès qu’on parle de tragédie nationale en prose à ces hommes, pleins d’idées positives et d’un respect sans bornes pour les bonnes recettes, qui sont à la tête de l’administration des théâtres, l’on ne voit point chez eux, comme chez les auteurs qui écrivent en vers, une haine mal déguisée et se cachant avec peine sous la bénignité du sourire académique. Loin de là, les acteurs et directeurs sentent qu’un jour (mais peut-être dans douze ou quinze ans ; pour eux, voilà où est toute la question) le romantisme fera gagner un million à quelque heureux théâtre de Paris.

Un homme à argent d’un de ces théâtres, auquel je parlais du Romantisme et de son triomphe futur, me dit de lui-même : « Je comprends votre idée, on s’est moqué