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SECONDE PARTIE

un succès fou. Mais, dites-vous, mes plaisanteries pouvaient vieillir avec le temps. — Oui, comme le sans dot d’Harpagon, comme le Pauvre homme ! du Tartuffe. Est-ce sérieusement que vous présentez cette objection au milieu d’un peuple qui en est réduit à rire encore des ridicules de Clitandre et d’Acaste[1], qui n’existent plus depuis cent ans ?

Si, au lieu de gémir niaisement sur les difficultés insurmontables que le siècle oppose à la poésie, et d’envier à Molière la protection de Louis XIV, vous aviez fait en 1811 de grandes comédies aussi libres dans leur tendance politique que le vaudeville de Vingt-cinq ans d’entr’acte, avec quel empressement, en 1815, tous les théâtres ne vous eussent-ils pas offert un tour de faveur ? Quelles dignités ne seraient pas tombées sur vous ? En 1815, entendez-vous ? quatre ans après. Avec quelle joie nous aurions ri de la sotte vanité des princes de l’empire[2] ! Vous auriez eu d’abord un succès de satire comme Alfieri en Italie. Peu à peu, le système de Napoléon étant bien mort, vous auriez trouvé le succès de Waverley et des Puritains d’Écosse. Depuis la mort du dernier des

  1. Les marquis du Misanthrope.
  2. « Entre nous le monseigneur suffit. »