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RACINE ET SHAKSPEARE

feraient vibrer une corde sensible dans tous les cœurs français, et, suivant les romantiques, les intéresseraient plus que les malheurs d’Œdipe.

En parlant de théâtre, monsieur, vous me dites : faites, et vous oubliez la censure. Est-ce là de la justice, monsieur le Classique ? est-ce de la bonne foi ? Si je faisais une comédie romantique comme Pinto, et ressemblant à ce que nous voyons dans le monde, d’abord MM. les censeurs l’arrêteraient ; en second lieu, les élèves libéraux des grandes écoles de droit et de médecine la siffleraient. Car ces jeunes gens prennent leurs opinions toutes faites dans le Constitutionnel, le Courrier français, la Pandore, etc. Or, que deviendraient les divers chefs-d’œuvre de MM. Jouy, Dupaty, Arnault, Étienne, Gosse, etc., rédacteurs de ces journaux, et rédacteurs habiles, si Talma avait jamais la permission de jouer Macbeth en prose, traduit de Shakspeare et abrégé d’un tiers ? C’est dans cette crainte que ces messieurs ont fait siffler les acteurs anglais. J’ai un remède contre le premier mal, la censure, et je vais bientôt vous le dire. Je ne vois de remède contre le mauvais goût des écoliers que les pamphlets contre Laharpe, et j’en fais.