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RACINE ET SHAKSPEARE

Corneille, de Racine, pourront alors nous donner des ouvrages agréables. Continuez-vous à leur imposer l’armure gênante portée jadis avec tant de grâce par Racine et Voltaire ? Ils continueront à vous donner des pièces bien faites, comme Clytemnestre, Louis IX, Jeanne d’Arc[1], le Paria, qui ont succédé sous nos yeux à la Mort d’Hector de Luce de Lancival, à l’Omasis de Baour-Lormian, à la Mort de Henri IV de Legouvé, chefs-d’œuvres auxquels Clytemnestre et Germanicus[2] iront tenir fidèle compagnie, dès que les auteurs de ces tragédies ne seront plus là pour les soutenir dans les salons par leur amabilité, et dans les journaux par des articles amis.

Je ne fais aucun doute que ma tragédie favorite de la Mort de Henri III, par exemple, ne reste à jamais fort inférieure à Britannicus et aux Horaces. Le public trouvera dans Henri III beaucoup moins, infiniment moins de talent, et beaucoup plus, infiniment plus d’intérêt et de plaisir dramatique. Si Britannicus agissait dans le monde comme dans la tragédie de Racine, une fois dépouillé du charme des beaux vers qui peignent ses sentiments, il nous paraîtrait un peu niais et un peu plat.

  1. Louis IX est une tragédie d’Ancelot et Jeanne d’Arc d’Avrigny. N. D. L. É.
  2. Germanicus de V. Arnault père. N. D. L. É.