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SECONDE PARTIE

Les personnages de la comédie classique au contraire, semblent affublés d’un double masque, d’abord l’effroyable affectation que nous sommes obligés de porter dans le monde, sous peine de ne pas atteindre à la considération, plus l’affectation de noblesse, encore plus ridicule, que le poëte leur prête de son chef en les traduisant en vers alexandrins.

Comparez les événements de la comédie intitulée Lanfranc ou le Poëte à la fable du même sujet traité par la muse classique ; car, dès le premier mot, vous avez deviné que ce n’est pas sans dessein que j’ai choisi le principal caractère d’une des comédies classiques les plus renommées ; comparez, dis-je, les actions de Lanfranc à celles du Damis de la Métromanie. Je n’ai garde de parler du style ravissant de ce chef-d’œuvre, et cela par une bonne raison ; la comédie de Lanfranc ou le Poëte n’a pas de style, et c’est, à mon avis, par là qu’elle brille, c’est le côté par où je l’estime. Ce serait en vain que vous y chercheriez une tirade brillante ; ce n’est qu’une fois ou deux dans les cinq actes qu’il arrive à un personnage de dire de suite plus de douze ou quinze lignes. Ce ne sont pas les paroles de Lanfranc qui étonnent et font rire, ce sont ses actions inspirées par des motifs qui ne sont pas ceux du