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SECONDE PARTIE

ouvrages, tant pour le style que pour l’ordonnance, est conforme aux préceptes et aux exemples des bons écrivains du vieux temps, lesquels n’ont vécu, lesquels ne sont devenus classiques que parce que, tout en cherchant des sujets nouveaux, ils n’ont jamais cessé de reconnaître l’autorité de l’école. Je ne vois réellement que Corinne qui ait acquis une gloire impérissable sans se modeler sur les anciens ; mais une exception, comme vous savez, confirme une règle.

N’oublions pas que le public français est encore plus obstiné dans ses admirations que les auteurs dans leurs principes ; car les plus classiques renieraient demain Racine et Virgile si l’expérience leur prouvait une fois que c’est un moyen d’avoir du génie. Vous regrettez qu’on ne vous joue pas Macbeth. On l’a joué, le public n’en a pas voulu ; il est vrai qu’on n’y voyait ni le sabbat des sorcières, ni le choc guerrier de deux grandes armées se heurtant, se poussant, se culbutant sur le théâtre comme au mélodrame, ni enfin sir Macduf arrivant la tête de Macbeth à la main.

Voilà, monsieur, le fond de ma doctrine ou de mes préjugés. Cela n’empêchera pas les romantiques d’aller leur train ; mais je voudrais qu’un écrivain aussi positif