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RACINE ET SHAKSPEARE

tères remaniés, etc., etc. ; tout ce petit charlatanisme est mis a découvert depuis longtemps. Il faut que la guerre entre les romantiques et les classiques soit franche et généreuse : les uns et les autres ont quelquefois des champions qui déshonorent la cause qu’ils prétendent servir ; et à propos de style, par exemple, il n’y aurait pas plus de justice à reprocher à votre école d’avoir produit le célèbre vicomte inversif qu’il n’y en aurait de votre part à accuser le classicisme d’avoir produit un Chapelain ou un Pradon. Je ne citerais même pas comme appartenant probablement au genre romantique les ouvrages que je viens de vous rappeler, si la plupart de ceux qui les ont faits ne se décoraient dans le monde du beau nom d’écrivains romantiques avec une assurance qui doit vous désespérer.

Examinons le peu d’ouvrages qui, depuis vingt ans, ont eu un succès que chaque jour a confirmé. Examinons Hector[1], Tibère, Clytemnestre, Sylla, l’École des Vieillards, les Deux Gendres, et quelques pièces de Picard et de Duval ; examinons les divers genres, depuis les romans de madame Cottin jusqu’aux chansons de Béranger, et nous reconnaîtrons que tout ce qu’il y a de bon, de beau et d’applaudi dans tous ces

  1. Hector est de Luce de Lancival. N. D. L. É.