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PRÉFACE

et lourds avec leurs prétendues réfutations.

Je présente donc au public la lettre classique que je reçus deux jours après que le manifeste de M. Auger eut fait son apparition dans le monde par ordre. Cette lettre renferme toutes les objections produites par M. Auger. Ainsi, en réfutant la lettre, j’aurai réfuté le manifeste, et c’est ce que je me réserve de faire sentir aux moins attentifs, en citant à mesure de la discussion plusieurs phrases de M. Auger.

Me fera-t-on quelques reproches du ton que j’ai pris dans cette préface ? Rien ne me semble plus naturel et plus simple. Il s’agit entre M. Auger, qui n’a jamais rien fait, et moi, soussigné, qui n’ai jamais rien fait non plus, d’une discussion frivole et assurément sans importance pour la sûreté de l’État, sur cette question difficile : Quelle route faut-il suivre pour faire aujourd’hui une tragédie qui ne fasse point bâiller dès la quatrième représentation ?

Toute la différence que je vois entre moi et M. Auger, dont je ne connaissais pas une ligne il y a quatre jours avant de chercher à le réfuter, c’est qu’il y a quarante voix éloquentes et considérables dans le monde pour vanter son ouvrage. Quant à moi, j’aime mieux encourir le reproche d’avoir un style heurté que celui d’être vide ; tout mon tort, si j’en ai, n’est