Page:Stendhal - Racine et Shakespeare.djvu/113

Cette page a été validée par deux contributeurs.
76
RACINE ET SHAKSPEARE

Comme je parlais ainsi avec un peu d’humeur, contrarié d’avoir travaillé quatre jours pour rien, et d’avoir été dupe de tant de raisonnements, qui en les écrivant me semblaient si beaux : « Je vois bien que vous ne réussirez jamais à rien, reprit l’avocat ; vous vivriez dix ans à Paris que vous n’arriveriez pas même à être de la société pour la morale chrétienne ou de l’académie de géographie ! Qui vous dit de supprimer votre brochure ? Hier soir, vous m’avez montré une lettre qui vous est adressée par un de vos amis classiques. Cet ami vous donne en quatre petites pages les raisons que M. Auger aurait dû présenter dans son feuilleton de quarante. Imprimez cette lettre et votre réponse ; arrangez une préface pour faire sentir au lecteur le tour jésuitique et rempli d’une adresse sournoise que l’Académie cherche à jouer à l’imprudent qui voudra réfuter son Manifeste. »

De deux choses l’une, se sont dit les membres du premier corps littéraire de l’Europe, ou l’homme obscur qui nous réfutera ne nous citera pas, et nous crierons à la mauvaise foi, ou il transcrira le feuilleton de ce pauvre Auger, et sa brochure sera d’un ennui mortel. Nous dirons partout, nous qui sommes quarante contre un : Voyez comme ces romantiques sont ennuyeux