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RACINE ET SHAKSPEARE

la nation, que de grands enfants jouant à la chapelle. »

Ici, les bravos interrompent M. Auger. Mais en prenant la résolution de continuer à écrire le moins possible, les illustres Académiciens semblent avoir entrepris de redoubler de faconde. La foule des orateurs est telle, que l’admission du manifeste rédigé par M. Auger n’a pas occupé moins de quatre séances consécutives. Il y a telle épithète placée avant ou après le substantif, qu’elle affaiblit, qui a changé sept fois de position, et qui s’est vue l’objet de cinq amendements[1].

Je l’avoue, ce manifeste me jette dans un grand embarras. Pour le mettre à l’abri de toute réfutation, messieurs de l’Académie ont usé d’une adresse singulière, et bien digne d’hommes admirés dans Paris pour les succès de la politique appliquée aux intérêts de la vie privée. Si ces messieurs n’avaient été que des écrivains brillants d’esprit, que de simples successeurs des Voltaire, des La Bruyère, des Boileau, ils auraient cherché à rassembler dans leur écrit des raisons invincibles, et à les rendre intelligibles à tous par un style simple et lumineux. Que serait-il arrivé ? On eût attaqué ces

  1. Historique.