Page:Stendhal - Promenades dans Rome, tome 1.djvu/86

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

escalier qui rampe entre les deux calottes de la coupole. La vue que l’on a de l’intérieur de l’église au-dessous de soi est à faire frémir.

En revenant vers la façade, derrière les statues colossales, on aperçoit dans le lointain la montagne d’Albano. Après cette vue si belle, descendez dans les souterrains, vous y trouverez le tombeau de l’infâme Alexandre VI, le seul homme qu’on ait pu croire une incarnation du diable.

En sortant de Saint-Pierre, voyez l’architecture du mur extérieur de l’église, au couchant, derrière la sacristie. Après quoi passez à un objet absolument différent, allez aux jardins Borghèse ou à la villa Lante. Faute de cette méthode, vous vous fatiguerez étonnamment et arriverez plus vite au dégoût de l’admiration. C’est le seul sentiment que le voyageur ait à redouter ici.

Le curieux qui ne le craint pas est comme ces gens qui disent ne jamais s’ennuyer. Le ciel ne leur a pas vendu au prix de quelques instants de malaise cette sensibilité passionnée faute de laquelle on est indigne de voir l’Italie.

La société, et une société agitée de petits intérêts et de petits bavardages, est fort nécessaire pour prévenir ce dégoût d’admirer. Ce matin, lassés du sublime, après