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toutes les ruines de l’antiquité et de tant de monuments élevés par les papes, leur nom est un poids inutile pour l’attention, qu’il est facile de mieux employer.

Bandello, que Henri II fit évêque d’Agen (1550), est un excellent romancier, qui, je ne sais pourquoi, ne jouit pas de la réputation dont il est digne ; il a laissé neuf volumes de nouvelles charmantes, peut-être un peu trop gaies, où l’on voit, comme dans un miroir, les mœurs du quinzième siècle. Bandello se trouvait à Rome en 1504[1]. Il n’invente rien, ses nouvelles sont fondées sur des faits vrais. On y voit ce qu’était Rome du temps de Raphaël et de Michel-Ange. Il y avait bien plus de magnificence, d’esprit et de gaieté à la cour des papes qu’à celle d’aucun roi de l’Europe. La moins barbare était celle de François Ier, et l’on y trouvait encore bien des traces de grossièreté. Le sabre tue l’esprit.

  1. Voir le comte Mazzuchelli : ce savant de Brescia avait un esprit judicieux et un peu lourd, et d’ailleurs ne voulait pas se brouiller avec la justice. Le comte Mazzuchelli a laissé d’excellentes notices sur la plupart des Italiens célèbres du moyen âge. Pignotti, Muratori, Hazzuchelli et Verri doivent être crus de préférence à tous les historiens modernes. Si, après avoir lu l’Histoire de Toscane de Pignotti, et l’Histoire de Milan de Verri, en tout 12 vol. in-8°, la curiosité est excitée et non pas fatiguée, on peut entreprendre la collection des écrivains originaux dont Verri et Pignotti ont donné des extraits faits avec conscience.