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12 août. — Cette première folie s’est un peu calmée. Nous désirons voir les monuments d’une façon complète. C’est ainsi, maintenant, qu’ils nous feront le plus de plaisir. Demain matin nous allons au Colysée, et ne le quitterons qu’après avoir examiné tout ce qu’il y faut voir.

13 août. — Le 3 août nous traversâmes ces campagnes désertes, et cette solitude immense qui s’étend autour de Rome à plusieurs lieues de distance. L’aspect du pays est magnifique ; ce n’est point une plaine plate ; la végétation y est vigoureuse. La plupart des points de vue sont dominés par quelque reste d’aqueduc ou quelque tombeau en ruines qui impriment à cette campagne de Rome un caractère de grandeur dont rien n’approche. Les beautés de l’art redoublent l’effet des beautés de la nature et préviennent la satiété, qui est le grand défaut du plaisir de voir des paysages. Souvent, en Suisse, un instant après l’admiration la plus vive, il se trouve qu’on s’ennuie. Ici l’âme est préoccupée de ce grand peuple qui maintenant n’est plus. Tantôt on est comme effrayé de sa puissance, on le voit qui ravage la terre ; tantôt on a pitié de ses misères et de sa longue décadence. Pendant cette rêverie, les che-