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leurs, nous chercherons à être admis dans les salons romains.

Nous espérons y trouver les mœurs italiennes, que l’imitation de Paris a un peu altérées à Milan et même à Florence. Nous voulons connaître les habitudes sociales, au moyen desquelles les habitants de Rome et de Naples cherchent le bonheur de tous les jours. Sans doute notre société de Paris vaut mieux ; mais nous voyageons pour voir des choses nouvelles, non pas des peuplades barbares comme le curieux intrépide qui pénètre dans les montagnes du Thibet, ou qui va débarquer aux îles de la mer du Sud. Nous cherchons des nuances plus délicates ; nous voulons voir des manières d’agir plus rapprochées de notre civilisation perfectionnée. Par exemple, un homme bien élevé, et qui a cent mille francs de rente, comment vit-il à Rome ou à Naples ? Un jeune ménage qui n’a que le quart de cette somme à dépenser, comment passe-t-il ses soirées ? Pour m’acquitter avec un peu de dignité de mes fonctions de cicerone, j’indique les choses curieuses ; mais je me suis réservé très expressément le droit de ne point exprimer mon avis. Ce n’est qu’à la fin de notre séjour à Rome que je proposerai à mes amis de voir un peu sérieusement certains objets d’art dont il est