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au milieu d’un paysage orné de rochers, que l’on admire à la tribune de la galerie de Florence[1].

En 1508, Raphaël, âgé de vingt-cinq ans, arriva à Rome : jugez des transports que la vue de la ville éternelle dut faire naître dans cette âme tendre, généreuse et si amoureuse du beau ! La nouveauté de ses idées et son extrême douceur excitèrent l’admiration du terrible Jules II, avec lequel, grâce au Bramante, il se trouva d’abord en relation. Ainsi, comme Canova, ce grand homme n’eut aucun besoin de l’intrigue. À cette époque, la seule passion que nous trouvions chez Raphaël est celle de l’antique. On le chargea de peindre les stanze du Vatican ; en peu de mois il fut regardé par Rome entière comme le plus grand peintre qui eût jamais existé. Pour une fois, la mode se trouva d’accord avec la vérité. Raphaël devint l’ami de tous les gens d’esprit de son temps, parmi

  1. J’ai énoncé un peu sèchement toutes ces dates, parce que l’on a publié quarante volumes peut-être sur cette époque de la vie de Raphaël. On a voulu embrouiller tout ceci. En général, ces fatras sont écrits par des partisans de Michel-Ange, grands ennemis de Raphaël. C’est ici surtout qu’il ne faut croire que ce que l’on a vérifié sur les ouvrages de ce grand peintre. Un religieux de ma connaissance est allé s’établir à Urbin. Après trois ou quatre ans de travaux, il nous donnera une vie de Raphaël en trois volumes. Voilà la littérature consciencieuse que l’on rencontre souvent en Italie. Ici le plaisir est de travailler et non d’obtenir une récompense.