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236 ŒUVRES DE STENDHAL.

quei^iole ou allusion piquauie. Les psissiofis s^l profondes et constantes, et il s’agit avant tout de ne pas se tromper. Nous sommes souvent occupés à faire des budgets pour nos amis dltalie qui veulent venir passer une année à Paris. Nous ne dissimulons rien par vanité nationale.. Bien de plus difficile pour une Romaine belle et simple dans ses manières, comme elles le sont presque toutes, que d*étre reçue un peu bien dans une maison de Paris. Celte simplicité de manières dontje veux parler, ces mouvements brusques, ces réponses données avec la physionomie plutôt qu’avec des paroles, surtout si tout cela se trouve réuni à une grande beauté, passeront à Paris pour se rapprocher infiniment du ton qu’il ne faut pas avoir. Les gestes d’une Romaine sont également simples et également vifs^ qu’elle se trouve au spectacle en évidence, sur le devant d’mie loge fort éclairée, ou au fond d’un salon dont toutes les persiennes sont fermées. A Rome tout le monde connaît tout le monde, à quoi bon se gêner ? D’ailleurs toute gêne est insupportable à ces âmes toujours profondément occupées de quelque chose ; d’un rien peut-être. ’ . Celle disposition difficile et presque hostile de la partie féminine de la société de Paris envers une belle étrangère nous donnera, j’espère, l’occasion d’être utiles à nos amis deRwne quand ils viendront en France.

M. l’abbé del Grcco arrive de Mayorque ; il nous contait ce soir que, le jeudi saint de chaque année, on suspend au coin de la. rue, près de l’église principale de chaque ville ou bourg, un mannequin de parchemin rempli de paille. Ce mannequin, de grandeur naturelle, représente Judas. Le jeudi saint, les prêtres, dans les églises, ne manquent pas de prêcher contre ce traître qui vendit le Sauveur, et, au sortir du sermon, chacun, homme ou enfant, donne un coup de poignard à l'infâme Judas en l'accablant d’imprécations. Leur