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Là sonl les fresques les plus belles peut-être de Raphaël, et cerlaiuemenl les plus fiiciles à comprendre : les sujets sont pris dans rhistoire de Psyché et de TÂniour, jadis mise en français par la Fontaine. Après une demi-heure passée en silence à regarder „ on s’est souvenu qu’hier soir on fit plusieurs allusions à la vie de Raphaël. A Rome, Raphaël est comme autrefois iiercule dans la Grèce héroïque ; tout ce qui a été fait de grand et de noble dans la peinture, on T attribue à ce héros. Sa vie elle-même, dont les événements sont si simples, devient obscure eufabuleuse, tant elle est chargée de miracles par Tadmiration de la postérité. Nous parcourions doucement le joli jardin de la Farnesina, sut* la rive du Tibre ; ses orangers sont chargés de fruits. L’un de nous a raconté la vie de Raphaël, ce qui a semblé augmenter Teffet de ses ouvrages. Né le vemdredi saint 4483, il mourut à pareil jour en 1520, à l’âge de trente-sept ans.

Le hasard, juste une fois, sembla rassembler tous les genres de bonheur dans cette vie si courte. Il eut la grâce et la retenue aimable d’un courtisan, sans en avoir la fausseté ni même la prudence. Réellement simple comice Mozart, une fois hors de la vue d’un homme puissant, il ne songeait plus à lui. Il rêvait à la beauté ou à ses amours. Son oncle Bramante, le fameux architecte, se chargea toujours d’intriguer pour lui. Sa mort à trente-sept ans est un des plus grands malheurs qui soient arrivés à la pauvre espèce humaine. Il élaîl né à Urbin, petite ville pittoresque située dans les montagnes, entre Pesaro et Pérouse. Rien qu’à voir ce pays, on conçoit que les habitant» doivent briller par l’esprit et la vivacité. Vers 1480, les beaux-arts y- étaient à la mode. Le premier maître de Raphaël fut son père, peintre médiocre sans doute, mais n6n pas affecté (voir un tableau de Jean Sauzio, au musée de Brera, à Milan). Le peintre non affecté étudie