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40 ŒUVRES DE STENDHAL.

sont un exemple frappant de la manière dont le caractère d’un peintre change le mème^tyle ^

L’immense plafond de Pierre de Cortone, au palais Barberini, nous a transportés dans un autre siècle, qui fut pour les beaux-arts ce que celui des Delille et des Marmontel a été pour la littérature française.

De là nous sommes allés voir Tatelier de M. Tenerani ; il v a du talent, même de Toriginalité. Utinarh fumet vis ! Nous a^ons dîné à côté de jeunes artistes brillants de vivacité, chez Lepri (soixante-deux baîoques ou trois francs cinq sous pour deux), mais des serviettes peu blanches. Le soir, grand monde chez M. l’ambassadeur de *** ; Imit ou dix cardinaux, autant de femmes cemarquables, du moins à mes yeux. Mots spirituels et fins de M. le cardinal Spina. Quand on y réfléchit, on trouve, aux réparties de ce porporato, la profondeur du génie de Mirabeau. M. le cardinal de Gregorio a plus de verve que nos hommes les plus aimables et autant d’esprit ; il est fils de Charles III cet homme singulier qui a tout fait en Espagne. Les gens d’esprit, à Rome, ont du brio, ce que je n’ai observé qu’une sgule fois chez un homme né à Paris. On voit que les hommes supérieurs de ce pays-ci méprisent l’affectation ; ils diraient volontiers : « Je suis comme moi ; tant mieux pour vous, » Le bon cardinal Hœfelin, malgré ses quatre vingt-douze ans, est toujours dans le monde, occupé, comme Fontenelle, à adresser des choses fines aux jeunes femmes. ^ La Fornarina, dont les palais Barberini et Borghèse ont des por^traits, n’est pas la femme qui a servi de modèle pour un des plus beaux portraits de la Tribune à Florence. J’ai cherché la vérité sur ce détail dans la Vie de Raphaël. Le portrait de Florence a pendant longtemps /ité attribué au Giorgion ; mais il porte la date de i512, et à cette époque le grand peintre de Venise était mort. On retrouve à la’ galerie de Modène la même femme peinte par le Giorgion #