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sion du Sauveur. Vers la partie orientale, dans un coin des ruines, on a établi une chapelle où l’on dit la messe ; à côté, une porte fermée à clef indique l’entrée de l’escalier de bois par lequel on monte aux étages supérieurs.

En sortant du Colysée par la porte orientale, vers Saint-Jean-de-Latran, on trouve un petit corps de garde de quatre hommes, et l’immense arc-boutaut de briques, élevé par Pie VII, pour soutenir cette partie de la façade extérieure prête à s’écrouler.

Je parlerai dans la suite, quand le lecteur aura du goût pour ces sortes de choses, des conjectures proposées par les savants à propos des constructions trouvées au-dessous du niveau actuel de l’arène du Colysée, lors des fouilles exécutées par les ordres de Napoléon (1810 à 1814).

J’invite d’avance le lecteur à ne croire en ce genre que ce qui lui semblera prouvé, cela importe à ses plaisirs ; on ne se fait pas l’idée de la présomption des ciceroni romains.


Rome, 17 août. — Que de matinées heureuses j’ai passées au Colysée, perdu dans quelque coin de ces ruines immenses ! Des étages supérieurs on voit en bas, dans l’arène, les galériens du pape travailler en chantant. Le bruit de leurs chaînes se mêle au chant des oiseaux, tranquilles habitants du Colysée. Ils s’envolent par centaines quand on approche des broussailles qui couvrent les sièges les plus élevés où se plaçait jadis le peuple roi. Ce gazouillement paisible des oiseaux, qui retentit faiblement dans ce vaste édifice, et de temps à autre, le profond silence qui lui succède, aident sans doute l’imagination à s’envoler dans les temps anciens. On arrive aux plus vives jouissances que la mémoire puisse procurer.

Cette rêverie, que je vante au lecteur, et qui peut-être lui semblera ridicule,