éternel qui se marie si bien à la religion de la terreur ; mais, grâce aux monuments romains, ils ne s’en tinrent pas au gothique. Ce fut une infidélité à l’enfer. Les papes, dans leur jeunesse, avant de monter sur le trône, admiraient les restes de l’antiquité. Bramante inventa l’architecture chrétienne ; Nicolas V, Jules II, Léon X, furent des hommes dignes d’être émus par les ruines du Colysée et par la coupole de Saint-Pierre.
Lorsqu’il travaillait à cette église, Michel-Ange, déjà très-vieux, fut trouvé, un jour d’hiver, après la chute d’une grande quantité de neige, errant au milieu des ruines du Colisée. Il venait monter son âme au ton qu’il fallait pour pouvoir sentir les beautés et les défauts de son propre dessin de la coupole de Saint-Pierre. Tel est l’empire de la beauté sublime ; un théâtre donne des idées pour une église.
Dès que d’autres curieux arrivent au Colysée, le plaisir du voyageur s’éclipse presque en entier. Au lieu de se perdre dans des rêveries sublimes et attachantes, malgré lui il observé les ridicules des nouveaux venus, et il lui semble toujours qu’ils en ont beaucoup. La vie est ravalée à ce qu’elle est dans un salon : on écoute malgré soi les pauvretés qu’ils disent. Si j’avais le pouvoir, je serais tyran, je ferais fermer le Colysée durant mes séjours à Rome.
18 août. — L’opinion commune est que Vespasien fit construire le Colysée dans l’endroit où étaient auparavant les étangs et les jardins de Néron ; c’était à peu près le centre de la Rome de César et de Cicéron. La statue colossale de Néron, en marbre et de cent dix pieds, fut placée près de ce théâtre ; de là le nom de Colosseo. D’autres prétendent que cette dénomination vient de l’étendue surprenante et de la hauteur colossale de cet édifice.