de seize ans est le plus timide des hommes,[1] et n’ose parler qu’aux domestiques de la maison ; il est beaucoup plus imbécile que son voisin le cordonnier ou le marchand d’estampes.
Le peuple de Rome, témoin de tous les ridicules des cardinaux et autres grands seigneurs de la cour du pape, a une piété beaucoup plus éclairée ; toute espèce d’affectation est bien vite affublée d’un sonnet satirique.[2]
Le pape exerce donc deux pouvoirs fort différents ; il peut faire, comme prêtre, le bonheur éternel de l’homme qu’il fait assommer comme roi.[3] La peur que Luther fit aux papes du seizième siècle a été si forte, que si les États de l’Église formaient une île éloignée de tout continent, nous y verrions le peuple réduit à cet état de vasselage moral dont l’antique Égypte et l’Étrurie ont laissé le souvenir, et que de nos jours on peut observer en Autriche. Les guerres du dix-huitième siècle ont empêché l’abrutissement du paysan italien.
Par un hasard heureux, les papes qui ont régné depuis 1700 ont été des hommes de mérite. Aucun État d’Europe ne peut présenter une liste semblable pour ces cent vingt-neuf ans. On ne saurait trop louer les bonnes intentions, la modération, la raison et même les talents qui ont paru sur le trône pendant cette époque.
Le pape n’a qu’un seul ministre, il segretario di stato, qui,
- ↑ Voir l’Ajo nell’ imbarazzo, comédie fort gaie du comte Giraud. Les arrangeurs qui nous l’ont fait connaître à Paris ont eu peur de nos mœurs qui sont collet monté, ils ont remplacé la gaieté par des mots fins.
- ↑ Voir le sonnet sur les cardinaux nommés en dernier lieu ; dix personnes sont peintes en seize vers.
- ↑ Histoire de ce pauvre jeune homme qui a été mazzolato à la porte del Popolo, en 1825. Il était innocent. Détails de l’exécution de Béatrix Cenci, en 1599 ; bonté de Clément VIII, qui régnait alors ; anxiété de ce pape pour lui conférer une absolution juste au moment nécessaire.