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PENSÉES

dhal, qui font corps avec lui, qu’il n’a peut-être même jamais discutées et qu’il reflète inconsciemment sur tous les sujets qu’il aborde. Le véritable psychologue aurait honte de laisser deviner quelque chose de sa propre personne à travers des observations qu’il voudrait surtout scientifiques, c’est-à-dire objectives. Stendhal, au contraire, en observant choses et gens, fait toujours beaucoup plus le tour de lui-même qu’il ne fait le tour des hommes ou des événements. Et comme sa personnalité n’est pas diversifiée à l’infini, il arrive que l’on a tôt fait de la connaître dans tous ses ressorts.

Ne croyez point, cependant, qu’il doive en résulter pour le lecteur quelque monotonie. Rien d’aussi constamment amusant, au contraire, que la pensée de Beyle, d’abord parce que toujours sincère, étant toujours vraie, puis surtout parce que de premier jet. Nulle tartufferie d’âme qui cherche à se voiler, nul détour hypocrite pour ne pas nous choquer, nulle pudeur à dissimuler ses marottes ou à éteindre ses vices. L’affreux pédan-