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pensées

quattro stracci. Quattro, sei, sedici, vado a giuocar questo terno. »

Les ridicules des personnages de cette pièce sont rares ou méprisables parmi nous, mais l’argument de protagoniste est bon. Rosaura est une flatteuse.

C’est la première comédie entièrement écrite de Goldoni, il fallait encore de la charge.

*

Une passion est une maladie involontaire de l’âme, comme la fièvre est une maladie du corps. Tous les hommes doivent savoir cela ; s’ils le savent comment peuvent-ils se moquer d’un état où ils seront peut-être demain ?

Il suivrait de là qu’on n’est jamais ridicule par ses passions. On ne serait donc ridicule que par la tête qui influe sur les passions de deux manières en leur fournissant des moyens et par ses habitudes.

Si le caractère n’est composé que de passions et d’habitudes et que les passions ne soient jamais ridicules, restent les habitudes.

Jean-Jacques disait cela. Bien le vérifier.

On dit que les passions changent le caractère. Donc l’idée des grandes passions n’entre point dans l’idée du caractère d’un homme.