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pensées

La Pucelle de Voltaire, les mémoires sur sa vie, et presque partout ses romans philosophiques sont dans son caractère, c’est aussi par là qu’il est original et grand en littérature. Joignons-y ses poésies légères. Presque partout ailleurs, il dit ce qu’il ne sent pas, alors il n’est qu’esprit de lumière plus ou moins vrai, et il n’attache que lorsque par une plaisanterie il revient à son caractère.

Il me semble que ne se formant pas l’idée d’un grand républicain, il ne connaissait point les hommes qui ont honoré le genre humain ; il les jugeait d’après les rois et les courtisans, qu’il avait connus. Il ne connaissait pas la véritable grandeur, il en parle souvent mais il ne la sent pas, il n’en parle pas bien. Il n’avait pas the comprehensive soul, qualité nécessaire de tout poète, aussi tous ses personnages se ressemblent-ils.

Conclusion : travailler sur mon caractère, chercher ce qui dans les choses qui existent me semble grand, digne d’amour, attendrisssant, ridicule, le peindre ensuite de manière à produire le plus grand effet possible sur les spectateurs.

Quand je voudrai peindre un caractère, l’étudier chez tous ceux qui l’ont réellement eu. Sublimer ensuite sur mes traits vrais ou naturels.