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filosofia nova

aura une plus petite idée des bonheurs qu’elle sacrifie.

Est-ce une plus petite idée de ces bonheurs, ou une plus grande du bonheur auquel elle sacrifie ?)

Une tête plus ou moins bonne change les effets des passions, mais ne change rien à leur force.

Julie (du Voyage de Sophie en Prusse) a une assez mauvaise tête mais elle meurt d’amour pour M. Schulze.

Héloïse, l’amante d’Abélard, qui en avait une si bonne, mourant pour lui ne l’aime pas davantage, peut-être même l’aime-t-elle moins ?

Julie qui n’est amoureuse que depuis deux mois doit encore[1] se promettre plus de bonheur de la vie qu’Héloïse. Le combat que l’espérance de bonheur par Schulze livre à l’espérance de bonheur par son grand talent pour la danse, par la manière dont elle parle le français par exemple, doit être plus long que celui qui se passe dans le cœur d’Héloïse entre les promesses de bonheur par Abélard et les promesses de bonheur par les autres moyens qu’elle possède. Remar-

  1. Style. Cet encore ne veut pas dire encore plus de bonheur qu’Héloïse mais que ses espérances du bonheur pour d’autres moyens que Schulze ne sont pas encore tout à fait éteints, durent encore. À noter sur le mot encore.