Page:Stendhal - Pensées, II, 1931, éd. Martineau.djvu/358

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
357
filosofia nova

nombre de traits comiques, et que je ne dois point m’inquiéter de n’avoir point de plaisanteries, elles viendront assez en faisant les scènes.

Actuellement le style comique doit tendre à fortifier les traits comiques, et éviter surtout de les ravaler à l’état de simple plaisanterie, il doit donc être le plus naturel possible, le moins sophistiqué ; me rappeler toujours les débats du procès de Moreau, le style n’en est pas élégant, n’en est pas correct, mais il est toujours parfaitement intelligible. On voit l’envie que celui qui parle a d’être compris, et il est vivant de passion. M’en servir pour me rappeler à l’ordre si je m’égarais, mais du reste écrire ce que je pense et comme je le dirais : oser être moi.

*

Morceau du procès Moreau, remarquable comme poète comique, celui où Moreau dit : « tel était républicain en l’an 5, qui ne l’est plus aujourd’hui, etc. »

Ce morceau m’a donné une sensation vive et agréable, une certaine envie de rire qui part du fond de la poitrine, et qui monte peu à peu. Je me suis ressouvenu qu’un morceau de Shakspeare m’avait produit le même effet.