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filosofia nova

un ambitieux de gloire. Toutes ces sortes d’ambitieux ont le même cœur, un léger changement dans la tête en fait un grand poète, un grand guerrier, un grand géomètre, etc. Il cherche à primer dans ce qu’il croit le plus grand. Ce désir de primer parmi ce qu’il voit de plus grand en crédit fait l’ambitieux de cour, un Richelieu, un Mazarin.

Ce caractère ne convient point à mon Chamoucy parce qu’il suppose une grande passion, et que l’éducation que je veux combattre ne travaillant point sur l’âme des enfants, il s’ensuit qu’ils s’enfièvrent tout naturellement de la passion de leurs maîtres et parents qui n’est autre que la vanité. Mais quelle vanité ?

Il y a la fausse vanité, consistant à se targuer d’une chose que l’on n’a pas faite, comme la mouche du coche, ou à exagérer ce qu’on a fait.

Il y a la vanité sur les choses que l’on a réellement faites. Elle consiste à être toujours renfermé dans la contemplation de ce qu’on a fait.

On peut tirer vanité des moyens qu’on aurait de faire. Dans une république on fera remarquer ou l’on vantera ses talents, dans une monarchie son crédit.

La perte du crédit à la cour, ou les hommes devenus égaux devant la loi, a fait