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pensées

le sentiment de l’horreur la plus forte, le deuxième est une situation de dieu. Le faible mortel ne peut le peindre que par un anéantissement stupide. C’est l’état dans lequel l’excès de la terreur le mettrait s’il voyait dieu craindre.

Si je voyais la déclamation de tous les vers comme de celui-là, je serais grand acteur. Pour y parvenir, il faut créer la langue de la déclamation, science nécessaire au poète.

*

Il faut tâcher de devenir poète-sculpteur : pour cela se figurer tous les objets que l’on veut peindre, ne s’occuper du style que lorsqu’on se sera entièrement transporté devant l’image que l’on veut peindre, on sera étonné de la facilité qu’on éprouvera à écrire supérieurement.

*

H. Qui ne pense pas veut sentir et sentir délicieusement.

*

Ne pourrait-on pas dire que dans le style il y a deux langages ? Le langage des mots, et le langage de l’harmonie. Si cela est, lorsque je dis : ce grand homme mourut, si l’harmonie est agréable et douce, elle