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pensées


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J’ai eu ce bonheur[1] d’être fixé de bonne heure, dès ma plus tendre enfance, d’aussi loin que je puisse me souvenir j’ai voulu être poète comique. Toutes les opérations de mon corps, de ma tête, et de mon âme, ont tendu là. Je n’ai point dévoré à tort et à travers comme Brissot dit qu’il fit. Cela doit m’avoir donné une tête très dramatique, non pas dans le genre de Goldoni, faisant vite une comédie d’une belle médiocrité, mais au contraire le génie sublimant, cherchant à faire dans chaque chose le mieux possible et à tirer l’échelle après moi.


  1. 19 messidor [8 juillet 1804].