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pensées

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Racine et Boileau.

Puymorin, frère de Boileau, s’avisa un jour de mal parler de la Pucelle devant Chapelain. « C’est bien à vous à en juger, lui dit Chapelain, vous qui ne savez pas lire. » Puymorin lui répondit « Je ne sais que trop lire depuis que vous imprimez. » Il eut recours à Boileau et à Racine pour mettre cette réponse en vers. Ils la tournèrent ainsi :

Froid, sec, dur, rude auteur, digne objet de satire,
De ne savoir pas lire oses-tu me blâmer ?
Hélas ! pour mes péchés je n’ai su que trop lire
Depuis que tu fais imprimer.

Son frère représenta que le premier hémistiche du 2e vers rimant avec le vers précédent et avec le dernier vers il valait mieux dire : de mon peu de lecture. Molière décida qu’il fallait conserver la première façon : « Elle est, leur dit-il, plus naturelle et il faut sacrifier toute régularité à la justesse de l’expression : c’est l’art même qui doit nous apprendre à nous affranchir des règles de l’art. »

Réponse remarquable et qu’il faut discuter à fond.

Arnauld disait de la Phèdre de Racine : …