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filosofia nova

de recevoir des images ou des idées dans notre cerveau.

Chap. II. Après avoir dit ce que j’entends par pouvoir conceptif, je vais parler des idées (ou images) mêmes et je ferai voir leurs différences, leurs causes, la façon dont elles sont produites, autant, que cela sera nécessaire en cet endroit.

Originairement toute image procède de l’action de la chose dont elle est l’image. Lorsque l’action est présente, la conception que cette action produit se nomme sentiment[1], et la chose par l’action de laquelle le sentiment est produit se nomme l’objet du sens.

À l’aide de nos organes divers nous avons des conceptions[2] différentes de qualités diverses dans les objets.

Par la vue nous avons une image composée de couleur et de figure ; voilà toute la connaissance qu’un objet nous donne sur sa nature par le moyen de l’œil.

Par l’ouïe nous avons une conception

  1. Hobbes écrivait en 1640.
  2. Faut-il appeler images le souvenir de Je suis encor dans mon printemps chanté par Phylis à Feydeau ? L’odeur du macoubai, le goût d’un sabayon, la sensation qu’éprouve la main en passant sur du velours d’Utrech à rebrousse-poil ? J’appelle cela conception, laissant le nom d’image aux conceptions des yeux. Presque tous nos souvenirs sont images, du moins chez moi qui aime à voir. Au mot de son je vota la grande cloche de St-André en ballant.