Page:Stendhal - Pensées, I, 1931, éd. Martineau.djvu/301

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
272
pensées

Voltaire (1778) qui, pauvre littérateur à l’exception de la poésie légère, est grand par l’influence qu’il eut sur son siècle.

Il semble que la politesse est un fruit nécessaire de l’égoïsme qui lui-même vient du gouvernement monarchique ; mais l’extrême politesse est le seul pays où il puisse exister un excellent comique, donc la comédie est une fille de la monarchie.

Nous sommes plus raisonnables que sous Louis XIV, l’établissement d’un empereur nous fera-t-il dégénérer ?

*

La comédie se détruit elle-même, elle ne ressemble plus à personne parce que personne n’ose plus lui ressembler.

Paul qui plaisante bien, qui a l’esprit aimable, les manières nobles, en un mot le génie français, se laisse abattre au chagrin et se plaint sans raison comme sans effet. Il est malheureux. Un méditatif ne le serait pas autant à sa place.

*

Montrer de la vanité est le moyen le plus sûr de déplaire, excepté auprès des gens du grand monde ; n’avoir point de vanité, c’est ne pas leur ressembler, n’avoir pas le bon ton, n’être pas vulnérable