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filosofia nova

1o Dans ma conversation, excepté avec Mante, plaisanter habituellement. Il faut me former à cela.

2o Chez une nation où la vanité est la passion régnante, un mot spirituel pare à tout, gagne tout. Prendre donc l’habitude de ne jamais agir par passion, mais être toujours de sang-froid.

3o Prendre cette habitude-là dans les plus petites choses. Marcher dans la rue entrer au café, faire une visite, de sang-froid. Ce qui ne veut pas dire d’un air froid ; au contraire, avoir un air dans le genre de celui de Fleury. Pour parvenir a cela, m’arrêter dès que je me sentirai dominé par une passion. J’ai assez de ma passion pour l[a] g[loire]. Dans le reste, me souvenir que les passions usent la vie, et que les goûts l’amusent.

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Descartes conseille, avec beaucoup de raison ce me semble, de tâcher de prendre sur soi de ne pas s’affliger des événements arrivés. Je suis malade, j’ai perdu une somme au jeu ? que me sert de m’affliger ? tout le temps qu’on s’afflige, la porte est fermée aux plaisirs. Il n’y a qu’une affliction agréable, c’est, je crois, celle qu’on nomme mélancolie. Lorsqu’on se dit le cœur gros : je méritais mieux ; et