Page:Stendhal - Pensées, I, 1931, éd. Martineau.djvu/277

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
248
pensées

1o Il me donne occasion de tomber sur les critiques sans sentiment que je déteste tant, et de bien ridiculiser leurs fatras d’érudition.

2o Aux yeux du philosophe ma comédie ridiculise le vice le plus répandu actuellement dans la classe la plus civilisée, ce vice n’a rien d’odieux (je crois que c’est Jean-Jacques qui l’a donné à la nation).

3o Je venge les véritables artistes qui seront tous pour moi.

4o Tous les hommes les plus civilisés de France qui forment le corps de mes juges ne sont composés ou que de vrais artistes, Guérin, David, Lemercier, Picard, Collin d’Harleville, etc., etc., Lancelin etc. ou de faux métromanes, ou de gens jaloux de tous les écrivains, tels que mon oncle, etc., etc… ceux-ci forment l’immense majorité, et ne se lasseront jamais d’applaudir ma pièce puisqu’elle satisfera leur passion favorite, la jalousie.

Quel sujet que celui qui enchante tous les juges excepté ceux qu’il ridiculise ! et dont encore beaucoup applaudiront pour se sauver du ridicule.

5o Quel service ne rendrais-je pas aux arts si je parvenais à les délivrer des faux amateurs.

Ce sujet me semble parfait de tous points. Reste à voir si personne ne l’a tenté : voir