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pensées

sée. En un mot tout consiste à faire coïncider nos intérêts et ceux des autres.

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Le mouvement le plus sensible que l’on aperçoive aujourd’hui (floréal an XI) dans les mœurs publiques est un éloignement général du caractère de sujet d’un monarque, on raisonne mieux pour son intérêt, cela vient du sot rôle que le jeune courtisan a joué à côté des héros de la liberté, les Marceau, les Hoche, les Desaix, etc. Donc une comédie qui ridiculiserait les courtisans aurait un grand succès. Le Cid et les Trois Sultanes plaisent moins j’en suis sûr que le premier il y a cent ans, et que le deuxième il y en a quarante.

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Je lis pour la première fois[1] l’Enfer du Dante traduit par Rivarol. C’est un excellent livre. Le style de R[ivarol] ressemble beaucoup à celui de Chateaubriand. Le Dante m’enchante. Je lis ensuite Narcisse de Malfîlâtre, pauvre production pour un poète mort à 34 ans. Quelques morceaux presque dignes de La Fontaine, mais un homme qui n’a pas l’air de se

  1. 14 prairial XI [7 juin 1803].