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pensées


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Si je veux jamais réussir dans la société, il faut analyser tout ce qui s’y fait. Je trouverai alors que l’art de conter et de ne parler jamais de soi forme presque tout l’homme aimable.

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Pour traiter[1] chaque caractère de héros, de roi, de tyran, etc., etc., en tragédie, il faut faire d’abord l’histoire de leur vie afin d’y mettre les faits les plus propres à leur donner la passion qu’on leur prête au plus haut degré possible. Ensuite je chercherai dans l’histoire la nation et le siècle où la passion en question a été la plus forte, et dans ce siècle le fait qui ressemble le plus à ce que je veux faire faire par mes personnages sans m’embarrasser des différences ; les savants crieront, si la pièce est bonne elle vaincra tout.

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Pour juger[2] nos projets, les comparer à ceux qui ont jamais le plus approché des nôtres, comparer les circonstances, et juger du succès : c’est le meilleur moyen

  1. 17 floréal XI [7 mai 1803].
  2. 19 floréal.