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pensées

qui indiquait un caractère digne de trois actes de développement est noyé dans trois actes de détails oiseux. Le style a tous les défauts du 18e siècle, des paysans allemands ne parlent que de faire mon bonheur et de mon cœur ; outre cela, nulle clarté dans les détails. Baptiste aîné, le capitaine, joue très bien.

On ne se lasse pas du Menteur, la noble simplicité du style de cette pièce ne vieillit pas, il a à cette heure ce précieux vernis de l’antique qui fait toujours plaisir. Voilà le style qu’il me faut adopter. La réprimande du père du Menteur à son fils au 1er acte est plus forte que tout ce qui sera dans les deux Hommes. M’appuyer là-dessus, laisser crier les tireurs de règles, étudier Corneille et sic itur ad astra. Fleury joue supérieurement le rôle du Menteur. Je crois que j’étais à côté de Chénier. La pièce jouée au moins 15 fois en six mois a été très goûtée. Il est à remarquer que l’intrigue n’est rien. Rien n’attache que le plaisir de voir mentir Dorante, il est presque toujours en scène, voilà ce qui soutient cette pièce, elle est moins antique qu’aucune de celles de Molière. Il n’y a que trois rôles, Dorante, Cliton et le père du Menteur ; ce dernier n’est presque rien. Le 4e acte est le plus faible, il fallait un dénouement qui peignît