Page:Stendhal - Pages d’Italie.djvu/98

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sinés dans ce pays de brigands. D’ailleurs nous ne savons pas la langue, ni les usages ; il n’y a que M. de S…

À cette belle proposition je me suis rappelé l’anecdote de Collin qui persuadé qu’un grand seigneur nous fait toujours assez de bien quand il ne nous fait pas de mal, et convié par le duc d’Orléans de lui lire ses comédies, ne voulut paraître chez le prince qu’autant que celui-ci lui ferait avoir un intérêt dans les finances. Et il évita ainsi le ridicule d’être la dupe d’une Altesse.

J’ai payé la mienne de respect et de froideur, tout à coup transporté d’amour pour le séjour de Berlin. L’on en est venu à me solliciter, j’ai fait mon marché et par écrit, et certes il est avantageux. Après le voyage, s’il n’y a pas guerre, j’ai ma liberté pour dix-huit mois.

Mais j’éprouve déjà le triste effet de l’absence de cette source de tout bonheur. L’Italie n’est plus pour moi tout ce qu’elle était il y a deux ans. D’ailleurs forcé de voir les grands seigneurs des pays où nous passons, je suis en mauvaise compagnie. Avec toute l’insipidité et tout le manque d’idées de nos seigneurs, ils sont bien loin d’en voir la politesse exquise et les manières aimables. Leurs prétentions grossières et marquées donnent l’idée d’Arlequin