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sent bien qu’un Prince surtout doit devenir fou pour une femme aimable qui a ce degré de franchise.

Il y a un mois que la Fabri s’est moquée du Prince…, le directeur des spectacles de Palerme, elle lui a dit qu’elle ne le trouvait point aimable et qu’ils n’auraient jamais rien de commun ; le Prince a eu la tyrannie de la tenir huit jours en prison, mais elle en est sortie triomphante et vierge.

L’entreprise du théâtre de la Scala est ordinairement donnée pour quatre ans ; avant la Révolution c’étaient des nobles qui l’avaient et ils prélevaient toujours mille sequins chacun. Depuis le jour des négociants qui quelquefois gagnent et qui considèrent le théâtre davantage comme une spéculation, on va au spectacle par habitude, dans le court intervalle de quatre ans cette habitude ne peut recevoir des atteintes bien sensibles à la bourse des entrepreneurs. Des gens qui perdront 10.000 francs par an pour leurs plaisirs se moquent assez d’en perdre douze ou quinze mille.

C’est au public à rendre le métier plus difficile. Or le public n’est représenté pour le théâtre comme pour le reste que par le souverain, etc. etc. etc. Vous voyez que tout doit aller à la diable. Le public a