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Adoré dans son pays à cause de la rareté et du patriotisme d’antichambre, il sera souvent ennuyeux pour l’habitant de Londres ou de Paris. D’ailleurs il sera toujours un peu piqué, il aura toujours trop de bile, il réveillera trop souvent des idées désagréables et haineuses, il touchera trop souvent à l’odieux.

Probablement les habitants de Paris étiolés par une politesse excessive ne verront pas se former parmi eux de ces âmes fortes jusqu’à la fureur habituelle, qui pullulent dans ces pays à moitié sauvages, la Corse et le Piémont.

Pour les soldats romains la guerre était un état de repos. Se trouver au milieu des périls, des conspirations, des vengeances et des grandes actions est le seul état de repos que puissent jamais goûter quelques jeunes corses et piémontais de ma connaissance. Dans le genre de l’opera-buffa comme dans le genre des batailles la seule qualité essentielle au grand homme c’est la force. Au fond du génie de Cimarosa et de Napoléon on trouve une qualité commune, c’est la force. Dans un cas l’âme doit mettre sa force à sentir, dans l’autre à agir sur les environnants. À Paris on trouve de tout excepté de la force. Au reste je ne dissimulerai point que les jeunes Italiens chez lesquels j’ai observé cette