Le littérateur italien n’est donc jamais dans la situation d’écrire clairement sur un sujet intéressant. Dès qu’un sujet intéresse le public il est défendu d’en parler ; en revanche il est sans cesse porté à écrire avec érudition et élégance sur quelque niaiserie littéraire.
Or l’élégance devient bientôt la chose la plus ridicule du monde dans les pays où la majeure partie des littérateurs n’écrit pas habituellement sur des sujets également intéressants pour l’écrivain et pour le lecteur. Voyez en France l’élégance des Dorat, des Pezay et autres écrivains du règne de Louis XVI. L’esclavage pour lequel l’autel est complice du trône permet un certain nombre d’idées. Lorsque cet état de choses dure depuis un siècle ou deux, il faut nécessairement que la littérature tombe dans le genre bête. Car les âmes fortes cherchent des plaisirs ailleurs que dans la littérature et l’on a épuisé toutes les idées auxquelles il est permis de toucher.
D’ailleurs le despotisme jeune encore laisse passer beaucoup d’idées que quelque temps après quand les âmes sont plus avilies, il se trouve en état de proscrire. Ainsi Napoléon laissait imprimer en 1802 l’Économie politique de Say qu’il défendait ensuite. Ainsi les despotismes italiens