fée. Otello, en le donnant à Desdemona, lui dirait que suivant ce que lui a dit sa mère tant qu’elle conservera le mouchoir elle sera sûre de son amour. Cela préparerait l’admirable parti que vous en avez tiré dans les Reprises de jalousie du dernier acte.
Les deux changements ci-dessus sont possibles. Je suis fâché qu’il ne soit plus temps d’admettre le troisième.
Pourquoi, Monsieur, avez-vous rejeté le premier acte de Shakspeare ? Ce sénateur dans son palais réveillé par les cris de Iago, Otello sortant au milieu de la nuit, son arrivée au Sénat, son plaidoyer contre Brabantio, père de Desdemona ?
Quels matériaux pour votre génie ! Au reste, si vous avez négligé plusieurs des beautés qui sont dans le Shakspeare traduit par Letourneur, vous en avez mis de nouvelles puisées dans la vraie nature de l’art admirable dont vous faites la gloire. Telle est au premier acte cette admirable Furlana. Quel contraste de cette gaîté si nationale à Venise avec le sombre du dernier acte ! Je suis convaincu, Monsieur, qu’aucun théâtre d’Europe en février 1818 n’a un spectacle aussi magnifique et aussi touchant.
Je suis fâché que le désir d’être régulier vous ait fait rejeter le premier acte si original de Shakspeare.