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au-dessus de toutes les autres pour des gens défiants, du moins plus durable. Milan, Gênes, Florence, Rimini, Urbin, Sienne, Pise, Plaisance et vingt autres villes étaient dévorées par les flammes des factions. Leurs citoyens sacrifiaient avec joie à leur ambition politique, le soin de leurs intérêts privés et la défense de ce que nous appelons les droits civils. De là, ce conflit éternel des familles puissantes, dont l’histoire domestique est si singulière, cette lutte violente des factions, ce long enchaînement de vengeances, de proscriptions, de catastrophes.

Voilà le foyer qui produisit les guerres interminables et acharnées de ville à ville. Par exemple, de Sienne et Florence, de Pise et Florence, etc. ; et enfin les invasions étrangères de peuples qui, armés par un roi, eurent bon marché de petites villes qui s’abhorraient entre elles ; car il ne faut pas le dissimuler, en même temps que l’énergie, le moyen âge a laissé en Italie la funeste habitude de la haine. C’est là, dans ce climat enchanteur, que cette funeste passion éclate dans toute sa force. Les tyrannies soupçonneuses, faibles et atroces, qui gouvernèrent l’Italie de 1530 à 1796, ont changé la prudence du moyen âge en sombre méfiance.

De là, la première qualité d’un cœur