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tèrent bientôt et balancèrent enfin l’ascendant de Blacas. Il fut attaqué sur son propre terrain ; il y eut des représailles ; et pour meubler sa salle d’audience de nouvelles figures, il se vit obligé de modérer l’animosité de son blocus politique, mais ce ne fut que vers la fin de son règne. Pendant longtemps il poussa cette guerre de la fronde au point de tâcher d’étendre la proscription à tous les cercles d’ambassades de Rome. Il y réussit, non sans quelques frais de diplomatie ; et plus d’une fois il fut contraint de se plaindre de la bande de conspirateurs qui osaient se rassembler autour de quelques membres de la famille, au centre même du Palazzo di Venezia, sans être intimidés par sa défense ou son regard.

Autant que j’ai pu en juger, le comte de Blacas n’avait de bien remarquable qu’un penchant pareil à celui de la taupe pour le petit et le noir, et un talent distingué pour tous les stratagèmes lilliputiens par lesquels il pouvait parvenir à tenir le fil de toutes les intrigues bonapartistes ; il affectait d’ailleurs de couvrir ce qu’il y avait de pénible dans ses fonctions, d’une sorte de parure littéraire ; il protégeait les arts avec ostentation, quoique avec parcimonie, et fut un moment entouré d’encens et de flatteurs. Sa collection, surtout en pierres antiques, était belle,